Les productions de la manufacture de la Savonnerie au XVIIème siècle

Les débuts d’une manufacture de tapis parisienne sous Henri IV et Louis XIII

En 1604, Pierre Dupont obtient un privilège royal (confirmé en 1608) et installe une manufacture de tapis au point noué « façon de Perse et du Levant » dans les galeries du palais du Louvre, aux côtés d’autres artisans bénéficiant du soutien de la Couronne.

Grâce au protectorat de la régente Marie de Médicis puis de Louis XIII, un ancien apprenti de la manufacture du Louvre, Simon Lourdet, s’installe à son tour dans une ancienne fabrique de savon sur la colline de Chaillot, dont la localisation correspond à l’actuel Palais de Tokyo dans le 16ème arrondissement de Paris. La fonction originelle du bâtiment explique ce nom déconcertant pour une technique de tissage.

Israël Silvestre. Vue générale de Paris prise des hauteurs de Chaillot, vers 1690. Au premier plan, les bâtiments de la manufacture de la Savonnerie.

Le travail conjoint de ces deux manufactures produit des tapis de style dit Louis XIII, inspirés des modèles orientaux aux compositions comprenant des bordures de couleur claire relativement fines et un champ au décor floral parsemé sur fond noir.

La manufacture royale de la Savonnerie, le tournant de la décennie 1660

En 1663, Jean-Baptiste Colbert, intendant des finances de Louis XIV, réorganise la manufacture de tapis : il la rattache à la surintendance des Bâtiments du roi, Arts et Manufactures et la place sous la direction artistique de Charles Le Brun, premier peintre du roi, directeur de l’Académie de peinture et de sculpture et de la manufacture des Gobelins.

La désormais manufacture royale de la Savonnerie produit des tapis monumentaux pour les demeures royales et cadeaux diplomatiques qui diffusent le goût de l’art décoratif français dans les cours étrangères. En 1671, les deux ateliers sont réunis à Chaillot.

Deux projets font aujourd’hui encore la renommée de la Savonnerie :

  • Les 13 tapis de la Galerie d’Apollon (palais du Louvre), tissés entre 1664 et 1667 ;
  • Le grand ensemble pour la Grande Galerie du Louvre, composé de 93 tapis recouvrant l’intégralité du plancher (425×9 mètres), tissé entre 1668 et 1689.

Ces chefs-d’œuvre,  dont l’iconographie vise à glorifier la personnalité du Roi et la puissance de son royaume, déploient une composition architecturée propre à la direction artistique de Charles Le Brun. En effet, les compartiments qui organisent la structure d’ensemble des tapis de la Galerie d’Apollon rappellent l’organisation des plafonds. Ornement incontournable de la manufacture, de grandes feuilles d’acanthe colorées se déroulent sur le champ du tapis, qui alterne fond brun et ivoire dans un contraste saisissant.

Plus de trente pièces sont conservées intactes au Mobilier National, trois sont visibles dans l’aile Sully du Musée du Louvre et nombre d’entre eux ont été dispersés par des marchands, souvent retaillés et modifiés au cours des siècles.


Sources :

Les liens vers les collections du Musée du Louvre et du Mobilier National :